Les socialistes européens votent Royal

Publié le par Désirs d'avenir 57

L’adoubement de Ségolène Royal par ses amis socialistes européens était attendu : il a bien eu lieu, jeudi, à Porto (Portugal). Le Parti socialiste européen y tenait son congrès, qui devait s’achever hier après-midi par un débat sur l’Europe sociale sur lequel nous reviendrons dans une prochaine édition. Devant 300 délégués et plus de 1 000 personnes appartenant aux partis membres et aux pays de l’Union européenne auxquels se sont joints des pays comme la Roumanie, la Bulgarie et la Norvège, Ségolène Royal, candidate du Parti socialiste français à la présidentielle, a été la vedette de la séance d’ouverture des travaux du plus important rassemblement de leaders des partis socialistes et sociaux-démocrates. On retiendra notamment de son intervention la remise en cause du rôle de la Banque centrale européenne (BCE) devant des formations qui ne partagent pas unanimement ce point de vue. S’exprimant quelques heures après la décision du président de la BCE, Jean-Claude Trichet, de relever, pour la sixième fois depuis décembre 2005, le loyer de l’argent via le taux d’intérêt, la candidate, à l’occasion d’un des discours d’ouverture, a plaidé pour que les politiques décident eux-mêmes des orientations financières de l’Europe, contestant du même coup le principe de l’indépendance de cette institution. « Ce n’est plus à Jean-Claude Trichet de décider de l’avenir de nos économies, c’est aux dirigeants démocratiquement élus », a-t-elle déclaré. Une manière de décliner opportunément le texte du projet des socialistes français qui prévoit assez laconiquement « une révision des statuts » de la BCE. La candidate a aussi souhaité que les socialistes européens jouent un rôle politique plus décisif : « Il est évident, indispensable, c’est une condition de notre crédibilité socialiste, que chaque Conseil européen soit précédé d’une déclaration politique du Parti socialiste européen », a-t-elle précisé, prenant l’engagement, si elle est élue à la présidence de la République française, « de participer à chaque réunion des leaders socialistes avant les sommets européens et les grandes conférences internationales ». S’agissant de la question institutionnelle, elle a jugé que « l’Union à 28 a besoin de règles nouvelles pour bien fonctionner ». « Nous devons nous mettre à la tâche, a-t-elle dit, mais les règles de fonctionnement ne sont pas une fin en soi mais un outil » au service du peuple européen. Elle a souhaité, sur la base des propositions de la prochaine présidence allemande de l’UE, que « nous puissions déboucher pendant la présidence française », soit au deuxième semestre 2008 : « J’y consacrerai toute mon énergie. » Plus généralement, Ségolène Royal a répété son credo sur la politique par « la preuve », face aux doutes qu’inspire aux populations la construction actuelle de l’Europe. Elle entend « remettre l’Europe en mouvement, lui redonner un souffle ». Il faut « prouver que la façon dont on va concevoir l’Europe » aura des conséquences sur « le recul du chômage », dans cette Europe « apparue, à tort ou à raison, trop menaçante, trop éloignée des préoccupations des gens, (...) je veux que l’Europe avance par la preuve et l’action, il faut construire l’Europe des gens, qui réussit à lutter contre le chômage, contre la vie chère, contre toutes les formes de précarité ». Cette considération - au demeurant formulée de fort prudente manière - étant à ses yeux une des raisons de la victoire du « non » au référendum, en particulier en France. Au chapitre des propositions, elle a cité la nécessité « de faire émerger des coopérations interrégionales, des pôles de compétitivité à dimension européenne ». À propos de son récent voyage au Proche-Orient, elle a avoué y avoir trouvé une « soif désespérée d’une cohérence des socialistes européens », tous ses interlocuteurs, affirme-t-elle, « estiment que les socialistes ont un rôle à jouer et que nous devons faire l’effort de comprendre, et d’arrêter des initiatives communes ».

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