Ségolène royal creuse l'écart dans les sondages

Publié le par Déisrs d'avenir 57

Article paru dans LIBERATION

"Tous derrière et elle devant. Loin devant. Tous ce soir autour de la même table pour finaliser l'avant-projet du parti pour la présidentielle. Et elle qui préfère faire entendre sa différence à l'extérieur, pour conquérir l'opinion. A mesure que Ségolène Royal exerce, sans ménagement, son «droit d'inventaire» sur le logiciel socialiste, elle creuse l'écart sur ses concurrents dans la quête de l'investiture élyséenne. Après la sécurité, thème sur lequel la présidente de la région Poitou-Charentes a dévoilé la semaine dernière des propositions musclées, elle remet en cause l'une des vaches sacrées du jospinisme : les 35 heures. Au moment où les éléphants roses bouclent ce soir un document prônant, notamment, la «généralisation des 35 heures», Ségolène Royal prend ses camarades à contre-pied : elle met en pièces la RTT à la mode Aubry en lui reprochant, dans le deuxième chapitre de son livre disponible sur son blog Désirs d'avenir, d'avoir engendré une «dégradation de la situation des plus fragiles» (lire ci-contre). Avant de baisser d'un ton en louant hier soir sur France 3 une «conquête sociale de première importance»...

Triple. Au total, voilà de quoi susciter de nouveau à gauche l'exaspération des dirigeants, le trouble des militants... et, peut-être, l'approbation des sympathisants. C'est ce triple mouvement que Ségolène Royal a provoqué avec ses mesures décoiffantes sur la sécurité («encadrement à dimension militaire» pour les primo-délinquants, mise sous tutelle des allocations aux familles d'enfants délinquants, présence d'un deuxième professeur-tuteur dans certaines classes). Réalisée après son discours de Bondy (Seine-Saint-Denis), notre livraison de l'Observatoire de l'opinion Libération-LH2 (1) lui octroie même «un sacre d'opinion», selon l'expression du directeur des études politiques de l'institut LH2, François Miquet-Marty. 62 % des électeurs de gauche (et 68 % parmi les seuls sympathisants PS) la considèrent comme la «meilleure candidate socialiste pour 2007». Elle largue ses concurrents à une distance minimale de 40 points ! Strauss-Kahn, soutenu par 22 % des sympathisants de gauche, Lang (21 %), Fabius (12 %) ou encore Hollande (11 %) rivalisent de médiocrité. 13 % des électeurs de gauche optent pour Montebourg (lire page 15) Et seuls 20 % confessent un vague désir d'avenir pour Jospin.

Mine. En jouant l'opinion contre l'appareil, la base contre le sommet, et sa propre partition contre le projet du PS, Ségolène Royal écrase donc les autres présidentiables. De Fabius à DSK en passant par Lang ou Aubry, tous font mine de jouer collectif en concoctant un projet dont certaines dispositions sont plébiscitées par l'électorat de gauche, comme l'augmentation du Smic jusqu'à 1 500 euros (45 %) ou des baisses de charges modulées pour les entreprises selon le type d'emplois créés (36 %). Qu'importe que ces mesures aient été portées par d'autres, telle la hausse du Smic réclamée par Fabius, c'est Royal qui en tire profit... Elle réussit à faire tourner la planète PS autour de ses propres idées. Ainsi, les sympathisants de gauche classent la mise sous tutelle des allocations des familles d'enfants délinquants au 4e rang des priorités de leur camp (26 %), loin devant des dispositions emblématiques du projet du PS comme la généralisation des 35 heures (16 %), la création d'un droit à la formation tout au long de la vie (15 %) ou la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CGS (9 %).

Sévérité accrue envers les délinquants d'un côté, remise en cause des 35 heures coupables d'avoir assoupli le marché du travail et gelé le pouvoir d'achat des petits salariés de l'autre : Ségolène Royal vise les catégories populaires qui ont abandonné Jospin le 21 avril 2002. Les classes moyennes et supérieures sont à peine moins séduites, 20 % des cadres réclamant une mise sous tutelle des allocations (contre 28 % des ouvriers). Reste à savoir jusqu'où Ségolène Royal pourra prendre à rebrousse-poil les éléphants tout en cornaquant le troupeau socialiste vers l'Elysée.

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