Ségolène Royal et la dure réalité libanaise

Publié le par Désirs d'avenir 57

Ségolène Royal appelle à un Liban "réconcilié avec lui-même". Arrivée jeudi à Beyrouth, première étape d'une tournée qui doit la mener également en Israël et dans les territoires palestiniens, la candidate socialiste à la présidentielle française s'est plongée d'entrée dans les réalités et tensions du pays du Cèdre, avec l'annonce pour le lendemain d'une manifestation anti-gouvernementale à l'appel du Hezbollah et de ses alliés pro-syriens. Peu avant son arrivée, la chaîne Al-Manar du Hezbollah a lancé un appel à une manifestation géante, dans le centre de Beyrouth, pour faire tomber le gouvernement Siniora, auquel un bras de fer l'oppose depuis des semaines. Le Parti de Dieu chiite rassemble en général des foules de plusieurs centaines de milliers de personnes et la tension est aujourd'hui à son comble. Cet appel à descendre dans les rues, auquel s'associent le mouvement chiite Amal et le dirigeant chrétien Michel Aoun, était attendu depuis des jours, reporté cependant en raison de l'assassinat de Pierre Gemayel, le jeune ministre de l'Industrie et étoile montante du camp chrétien maronite. Crâne, Ségolène Royal, arrivée à la mi-journée, a décidé de ne pas écourter sa visite à Beyrouth malgré cette manifestation qu'on prédit gigantesque. "Je reste au Liban parce que, partir malgré les difficultés serait un mauvais signe donné, une atteinte portée à l'image du Liban. Je suis ici et j'y reste. Je vais poursuivre les contacts qui ont été prévus", a-t-elle justifié en fin de journée.  A la veille de la manifestation, Ségolène Royal a affiché jeudi son soutien à Fouad Siniora. "Attaché à l'indépendance, à la souveraineté et à la liberté, le Liban en a assez d'être un pays otage, victime du conflit des autres", a martelé la candidate socialiste à l'Elysée au terme d'un entretien d'une demi-heure avec le chef sunnite du gouvernement, issu de la coalition anti-syrienne. "Je mesure la persévérance et la volonté politique de Fouad Siniora pour faire entendre dans une période très éprouvante la voix du Liban", a-t-elle salué, avant d'apporter son soutien à la création d'un tribunal international sous l'égide de l'ONU sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri le 14 février 2005. Une instance dont le gouvernement de M. Siniora a approuvé la création, mais qui est vivement contestée par le Hezbollah, et qui fait partie de ses motivations pour appeler à manifester vendredi. Ce tribunal, toujours suspendu au feu vert du président pro-Damas Emile Lahoud, "sera un élément majeur et indispensable pour connaître la vérité", a-t-elle souligné, dénonçant des "assassinats et tentatives d'assassinats barbares depuis fin 2004". Si la candidate a répété plusieurs fois jeudi qu'elle voulait discuter avec toutes les parties au Liban, y compris les pro-syriens, elle montre ainsi qu'elle n'entend pas baisser les bras face à la Syrie. Mme Royal a ainsi rencontré le président du Parlement, le chef du mouvement chiite Amal Nabih Berri, et devrait s'entretenir vendredi avec des députés membres de la commission parlementaire des Affaires étrangères où toutes les composantes politiques sont représentées, y compris le Hezbollah chiite. Auparavant, Ségolène Royal avait réservé sa première visite beyrouthine aux parents de Pierre Gemayel, assassiné le 21 novembre. Leur présentant ses condoléances "profondément attristées", elle appelé de ses voeux un Liban "réconcilié avec lui-même". "Je forme le voeu que reculent ces déchirements tragiques et que se lèvent de nouvelles forces de vie", a déclaré la candidate socialiste, aux côtés de l'ancien président Amine Gemayel à l'issue d'un entretien de plus d'une heure avec le couple. "Le progrès du monde a besoin d'un Liban réconcilié avec lui-même", a-t-elle plaidé. "Notre responsabilité commune (...) c'est de permettre aux jeunes de s'y construire un avenir heureux, et de permettre à chaque enfant de naître dans un pays en paix", a-t-elle exhorté. "La tâche est difficile, les situations sont complexes" a-t-elle reconnu, se disant toutefois certaine que "les énergies humaines finiront par l'emporter". Mme Royal a rendu un vibrant hommage à Amine Gemayel pour son "impressionnante dignité" et pour avoir "appelé au calme, ce qui a permis sans nul doute au Liban de rester rassemblé, évitant de basculer dans le chaos d'une violence aveugle". Très présidentielle, elle a promis que "la France fera tout ce qu'elle peut auprès du Liban pour permettre que se lève cette espérance".

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